REPONSE SUR LA FIBROMYALGIE DE L'ACADEMIE DE MEDECINE A XAVIER BERTRAND

Publié le par cioranne

FIBROMYALGIE
Pour démêler fantasmes et incompréhensions qui flottent autour de cette maladie, Xavier Bertrand a demandé l'avis de l'Académie de médecine. Celle-ci vient de lui rendre son rapport et ses recommandations.

LES 8 RECOMMANDATIONS DE L'ACADEMIE

1. La fibromyalgie correspond à une entité clinique, fonctionnelle, faite de douleurs diffuses chroniques apparemment inexpliquées. Ce syndrome ne correspond pas à une maladie mais doit être évoqué sans polémique sur sa nature, pour éviter les examens et traitements inutiles. Il ne peut être retenu qu'après avoir éliminé des pathologies organiques avec lesquelles il peut être confondu ou associé.

2. Les patients, dont l'approche est souvent complexe et le suivi difficile, ne doivent pas être rejetés, mais, au contraire, pris en charge de façon individualisée et, le plus souvent, multidisciplinaire (rhumatologue, psychiatre, rééducateur…).

3. Il n'existe pas de profil psychologique spécifique, ni de preuve permettant de rapporter ce syndrome à une origine uniquement psychogène. Un contexte de tension émotionnelle, d'anxiété et de dépression est cependant constant et impose une prise en charge particulière.

4. Le diagnostic de fibromyalgie, annoncé et expliqué au patient, n'aggrave pas ses troubles, qui peuvent exister indépendamment de la recherche d'une reconnaissance médicale et sociale ou de compensations financières.

5. Les troubles fonctionnels ne correspondent à aucune anomalie objective des structures de l'appareil locomoteur. Ils ne peuvent être responsables ni d'un handicap définitif, ni de lésions fixées. Le diagnostic de fibromyalgie n'implique donc pas par lui-même l'obtention d'une mise en invalidité ni les avantages d'un statut d'affection de longue durée.

6. Il convient, cependant, d'éviter une attitude trop dogmatique. En effet, la diversité des présentations cliniques forme un spectre continu allant des formes les plus discrètes aux formes les plus sévères. Ces dernières, peu fréquentes, peuvent justifier à titre individuel, et après avis d'expert, la prise en charge qui convient aux maladies invalidantes, permettant d'adapter le traitement aux besoins du patient.

7. Dans tous les cas, le maintien d'une activité professionnelle est souhaitable et doit tenir compte de la gêne fonctionnelle, en adaptant le poste et les horaires de travail.

8. Des recherches sont encore indispensables pour mieux comprendre l'origine des douleurs et des nombreuses plaintes de ces patients, et améliorer la prise en charge thérapeutique. Il en est ainsi : – des bienfaits de la rééducation qui sont certains ; cependant, des programmes appropriés et des thérapies cognitives et comportementales doivent être mis au point, parallèlement aux programmes d'éducation ; – des formes de l'enfant, des formes masculines, des formes associées à l'arthrose, à l'obésité, à d'autres maladies auto-immunes ou virales, et des formes familiales, qui doivent faire l'objet d'études cliniques complémentaires ; – des études génétiques qui doivent être poursuivies, celles qui portent sur le polymorphisme des gènes des systèmes sérotoninergiques et des catécholamines ayant donné des résultats intéressants. Il faut y associer la prise en compte d'éventuels facteurs d'environnement ; – de l'imagerie cérébrale qui, en montrant des anomalies du contrôle de la sensibilité par le système nerveux central, a permis de progresser dans la compréhension de ce syndrome polyalgique diffus, mais dont les résultats doivent être confirmés et précisés quant à leur signification.

Le généraliste N°2396 du 26/01/2007                   Dr Damien Mascret

Publié dans fibromyalgie

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